Dans un lieu ancien et reculé, Mieux-Aimé il y avait un Arbre. C’était le Premier Arbre, l’Arbre-Monde. Il était si haut que sa cime perçait les nuages, si bien que ses plus hautes branches étaient toujours ensoleillées et s’enracinait si profondément qu’il recevait aussi la chaleur de la Terre. Les nuages cotonneux qui s’accrochaient à ses feuilles percolaient goutte à goutte et nourrissaient la vie qui y nichait, jardins à l’affût, parfums colorés et fleurs entêtantes, oiseaux suspendus, rongeurs bavards, félins joueurs.
En ce temps là Mieux-Aimé, l’Homme et la Femme vivaient libres et sans crainte, abrités sous les branches. L’Arbre-Monde leur pleuvait gentiment ses fruits, sucrés et juteux et l’Écureuil venait partager ses amandes et ses jeux. Le Merle chantait pour eux chaque matin et chaque soir et ils l’écoutaient ravis.
Mais le Chat restait au loin, il attendait et observait. Il voyait l’Homme et la Femme s’aimer et en était jaloux. Il se persuada qu’il était heureux seul, tant et si bien qu’il devint le Chat qui s’en va tout seul. Il continuait d’observer de loin et de fermer son cœur. Vint le moment où il ne put plus supporter leur bonheur.
C’était un jour où le Chat était sur une branche basse et voyait à travers le feuillage dense tacheté de lumière, les têtes jointes de l’Homme et de la Femme embrassés qui ondulaient doucement. Près de lui, la Merlette, qui ne l’avait pas vu car il était venu à pas de velours, tapait du pied :
– Merle, nous aurons bientôt nos œufs et le nid n’est pas prêt. Où sont les brindilles que tu devais m’amener ?
– Merlette, j’ai fait ce que j’ai pu, c’est Dédé, il avait besoin des clefs du camion.
La Merlette qui n’aimait pas les inventions fantasques du Merle, tapa furieusement du pied et la branche trembla.
– Et j’ai dû échapper au Chat qui m’a poursuivi toute l’après-midi pour faire de moi son repas.
La Merlette amollie se laissa bécoter.
Le Chat, dégoûté par cette accusation injuste, hésitait à croquer le menteur quand il entendit le rire de la Femme. Elle plongeait son regard à travers le feuillage et se moquait doucement des malheurs du Merle et de la Merlette. Comme le Chat allait bondir sur sa proie, son regard croisa celui de la Femme. Son avertissement silencieux toucha le Chat au cœur. Poils hérissés, il feula et dit :
– Je suis le Chat qui s’en va tout seul et tous lieux se valent pour moi.
Et il partit, bondissant légèrement de branche en branche, jusqu’au sol et tournant un dos dédaigneux, fouettant l’air de sa queue, il quitta l’Arbre-Monde et n’y revint plus.
Et c’est ainsi, Mieux-Aimé, que le Chat s’en alla vers le Bois Sauvage et ses chemins Mouillés et que la Femme devint sage, plus sage que l’Homme. Avec le temps, la Femme eut soif de découvrir le Vaste Monde et elle emmena l’Homme et eux aussi quittèrent l’abri de L’Arbre-Monde et ils n’y revinrent plus.
Ils vinrent un jour s’installer près du Bois Sauvage mais ceci, Mieux-Aimé, est une toute autre histoire.
Série: Contes de l'Arbre-Monde
The five-cat or how cats tamed themselves
T’was long and ago, Best Beloved, in the time before time, before the cats changed to the little furry things that purr on your knees.
In that time, cats were wild and fierce and they really could live nine lives. They were so wild they could barely live within ten miles of one another. As you can guess Best Beloved, kittens were becoming scarce. One of them, by the name She-Of-The-Lashing-Claws, was a five-cat : she had lived a few of her lives already and only had five left. She had died the first time under the fangs of her mother, as was customary, as soon as she was weaned. It had toughened her and she had fought many battles against her kind but not so much that she wouldn’t see how few of them were left, without enough birth to replenish their numbers. Continue reading « The five-cat or how cats tamed themselves «