Saturnin : L’enfariné

Bertrand – On est dans quelle rue ?

Miss Wiki – Paul Cézanne.

Saturnin – Cézanne.

Bertrand – … ?

Saturnin – Cézanne. Comme le pain… Tu connais pas la farine de Cézanne ?

Miss Wiki – … De sésame ?

Saturnin – … Ouais boâh c’est pareil !

Je sais que beaucoup de mes lecteurs n’y croient pas (pour ne pas dire aucun). Pourtant croix d’bois, croix d’fer, Je n’invente, n’ajoute ni ne retranche à ce que j’entends. Je modifie les noms, tout au plus.

Sémantique Générale ’01

Je retrouve au fond d’un carton mes volumes de Van Vogt, la Trilogie du non-A (objets d’une prochaine publication qui mijote encore un peu). Du coup, je relie, je redécouvre… Une question me tarabuste : Lorsque j’ai lu cet ouvrage, j’étais très jeune. La « leçon » en Sémantique Générale que veut donner l’auteur s’est-elle imprimé en moi jusqu’à faire à ce point partie intégrante de mon mode de fonctionnement ou bien est-ce là une chose innée, une caractéristique comme les rayures du zèbre ? Enfin bref, un mien ami voulait que j’explicite un peu les notions de la Sémantique Générale (dont « l’inventeur » serait Korzybski, je creuse la question) et voilà la réponse que je lui ai donnée :
Je pense que l’on peut simplifier en disant qu’il s’agit à chaque instant, dans chaque situation de prendre le temps de percevoir tous les aspects d’un événement, de s’abstraire de tous les biais de perception dus à la culture, l’éducation, l’expérience, etc. afin que, lorsque l’on s’exprime verbalement à ce sujet, ce soit de façon aussi objective et exhaustive que possible. Idem lorsque l’événement en question est une phrase (fait, commentaire, jugement…) émise par un interlocuteur. Tenir compte de son propre biais mais également de celui de l’autre.
Un exemple tout bête, Mamounette ne perçoit pas la nuance entre le vert et le turquoise : lorsqu’elle dit vert, il peut arriver que moi, je vois turquoise. Bien sûr c’est encore plus vrai dès que les émotions et les souvenirs de chacun entrent en jeu. Un même événement peut être agréable pour moi et lié à de bons souvenirs et extrêmement désagréable pour toi. Je pense que l’essentiel est de se souvenir à chaque instant que mon point de vue n’est pas universel et que je ne suis le centre que de mon propre univers.
Je pense que c’est seulement ainsi, en faisant l’effort de  »sortir de soi » que l’on s’élève au dessus de l’animal pour devenir pleinement humain.
 ++ Réfléchir

Thomas

I never knew I would miss you so when you said you’d go. 
We were not lovers, we never even acknowledged we were friends but we spent seven hours a day, five days a week together, wandering aimlessly in the streets of our city. We talked and laughed, we said the most silly things and discussed the meaning of the universe. We were silent together. 
Now I miss you, you go to work with someone else. Do you laugh together ? Are you silent together ? 
Every day I see a ghost of you, acting like you, speaking like you would, fading, as soon as I look at you. You were the first of our kind I met and as such you will always be special to me. I remember fondly, sadly, the days that will be no more.

Tu es parti.
Même tes silences me manquent.
C’est maintenant, avec ton absence comme un trou béant là ou se trouvait un chêne solide que je m’aperçois de la place que tu avais pris dans ma vie. Nous n’étions pas amants, j’ignore même si nous étions amis. Non, nous passions seulement ensembles nos heures d’ennui, à rouler sans but, équipiers.
Oui, ce sont tes silences qui me manquent le plus, ceux qui montraient bien que tu comprenais à demi-mot ce que je n’osai pas dire. Les autres ont retenu ce grain de folie qui nous rapprochait aussi. Mais aucun d’eux ne comprend cette douleur lancinante, ce vide que tu as laissé.
Comment sauraient-ils que chaque moment avec eux, je vois ton fantôme agir, réagir, rire. Ils ignorent que chaque feu qui passe au vert me donne envie de hurler « Une grenouille » à ta mémoire, me donne envie de pleurer car tu dis maintenant cela à d’autres.
Les jours où nous errions sous la pluie, silencieux, sont révolus. Te souviens-tu de ces moments ? Ton nouvel équipier saura-t-il se taire quand tu cherches tes mots ?

Farewell, Thomas, my partner, my friend,
I will always love you.

Devenir

L’humanité comme qualité n’a rien d’inné ; elle s’acquière lorsque l’être cultive sa nature divine et, acceptant sa nature animale, la transcende. 

De la morale.

Ainsi certains que nous acceptons dans notre société, ne sont guère plus que des bêtes portant le masque d’homme, tandis que d’autres ayant oublié leur nature animale, jugent leurs actes selon une morale que les bêtes ignorent. Si les animaux ne peuvent être tenus de respecter des règles morales qu’ils ne comprennent pas, les hommes peuvent en apprendre la valeur. 
Au sein d’une société, chacun est responsable de la transmission des valeurs communes aux autres membres du groupe. Ainsi il ne suffit pas de dire : Regardez, il ne sait même pas qu’il fait mal. L’éducation est de la responsabilité de tous. Et lorsque ces valeurs sont transmises, à chacun d’en tirer profit et d’accepter ou de refuser les règles. Devenu moral, l’homme est responsable de ses choix. 
Il devient libre, car s’il n’y a pas de limites, qui peut dire ce que sont liberté ou captivité ?

La horde

« Au commencement fut la vitesse, le pur mouvement furtif. Puis le cosmos décéléra, pris consistance et forme, jusqu’aux lenteurs habitables, jusqu’au vivant, jusqu’à nous. Bienvenue à toi, homo lento, homo legato, poussif tresseur de vitesse ! »

Parler de la horde est difficile. Il y a trop à dire et j’aurai la sensation de perdre la pureté du message originel en l’édulcorant trop. Pourtant cette œuvre m’a tant émue, remuée, fait réfléchir que je me sens comme une obligation de transmettre le témoin. Oui oui, œuvre, n’ayons pas peur du mot, car c’est bien plus qu’un simple livre. Outre le fait qu’un CD musical accompagne la lecture, bande-son du livre, il s’agit d’un univers en son (en soit), complet, vivant.

L’étoffe dont sont tissés les vents

S’il est difficile d’entrer dans le livre, il est impossible d’en sortir. Même à présent, près d’un an après ma première lecture (oui, je l’ai déjà relu plusieurs fois…) il me semble n’en être pas sortie.
C’est que pour étrange qu’il paraisse, « La horde du contrevent » parle de nous, de notre monde, de nos relations avec ceux qui nous entourent. Continue reading « La horde »

La foule

Elle était perdue dans la foule.
Être perdue, elle en avait l’habitude et cela ne l’effrayait pas. Elle savait pouvoir retrouver son chemin. C’était ce monstre aux mille visages qui l’oppressait, l’étouffait. Un remous dans le flot l’aurait écrasée, anéantie comme rien.

Elle restai prudemment sur le bord, longeant les larges rues de l’exposition sans se mêler aux badauds, attentive même à ne se laisser frôler par personne. Les larges étals colorés la fascinaient. De nombreux artisans venus du monde entier s’étaient rassemblés là avec leurs articles inconnus. Malgré le ciel gris les couleurs lui paraissaient plus vives et les odeurs la déroutaient.
– Ariane !
Son père la cherchait. Sa voix avait une pointe d’impatience qu’elle avait appris à reconnaître : il l’avait déjà appelée et elle ne l’avait pas entendu.
Elle se dirigea vers sa voix en aveugle. Elle aperçut bientôt sa silhouette. Il se tenait au milieu de la ruelle, forçant les gens à le contourner, et grognait en regardant de tous côtés pour tenter de l’apercevoir.
Elle prit une grande inspiration, rassemblait son courage et entreprit d’écarter ceux qui la séparaient de son père. Elle fut bousculée, injuriée, écrasée, puis un dernier remous la jeta
près de lui.
– Où étais-tu encore fourrée ? On te cherche partout. Allez viens, il y a un spectacle. Ca va te plaire, tu verras.
Elle ne devait pas avoir l’air très enthousiaste car il lui pressa l’épaule et ajouta « Allez, viens vite ». Elle se dégagea de son étreinte et le suivit lentement, traînant des pieds autant que possible.

I am many

I am many.

A child running, a wolf hopping, a maze. I am she-who-hops-after-the-sparkles-in-glee. I am the young warrior, at the top of his strength. The son of Meduselde and the daughter of Light, I am stark, waiting for winter, beloving the fall. I am living on margins, uncertain on sharp edges.

Don’t ask me who I am because I am many.

A child craving, a wolf hunting, a maze spinning. I am curling in a corner, licking my wounds in loneliness. I am laughing with my friends near a warm fire. I am calling out for answers. I am the lady-who-asks-a- very-many-questions : one elephant child. I am the cat that walks by himself, I am one of the pack. I breathe I hop I am. I’m lonely and my pack is gone. I am the child craving for attention, I am the lover safe in your arms. I am the hunter thirsty for blood. I am learned, I am wild. I am the ice and fire and the ocean wide. I am the monk embracing the whole in one mind. I am focused, I am wide :

I am spreading like…