Un petit bonheur

2013-03-29-131 Le papier déjà ressemble par sa qualité à celui qu’on utilise pour l’origami. Couleur pistache, avec des motifs exotiques d’or fin.
Lorsque je l’ai déchiré, j’ai découvert à l’intérieur une enveloppe d’or pur. Je me suis sentie comme Charlie découvrant le ticket gagnant…
2013-03-29-132En entrouvrant cette seconde enveloppe, une odeur puissante de chocolat très noir s’échappe soudain et je découvre enfin la plaquette, elle aussi ornée d’un motif inhabituel. Au lieu des carrés (carrés), la découpe est toute de biais, diagonalée (Diagon Alley !), en crabe en quelque sorte voire même cancrizanne…
Allez, j’ai suffisamment savouré l’attente, place à la dégustation !

Saturnin : L’enfariné

Bertrand – On est dans quelle rue ?

Miss Wiki – Paul Cézanne.

Saturnin – Cézanne.

Bertrand – … ?

Saturnin – Cézanne. Comme le pain… Tu connais pas la farine de Cézanne ?

Miss Wiki – … De sésame ?

Saturnin – … Ouais boâh c’est pareil !

Je sais que beaucoup de mes lecteurs n’y croient pas (pour ne pas dire aucun). Pourtant croix d’bois, croix d’fer, Je n’invente, n’ajoute ni ne retranche à ce que j’entends. Je modifie les noms, tout au plus.

Chat quantique

Attraper un chat noir dans l’obscurité de la nuit est la chose la plus difficile qui soit, surtout s’il n’y en a pas…
Qu’une chose puisse à la fois être et ne pas être, exister simultanément sous différentes formes pourtant incompatibles les unes avec les autres, qu’ainsi être ou ne pas être cesse soudainement d’être la question, passera à juste titre pour une conception délirante tant elle va à l’encontre de toute logique, enfreignant les principes de base, ordinairement considérés comme intangibles*, sur lesquels repose raisonnablement la pensée et qui veulent qu’une chose soit ce qu’elle est (principe d’identité), qu’elle ne soit pas son contraire (principe de non contradiction) et affirment que si une proposition est vraie il faut que la proposition contraire soit fausse (principe du tiers exclu).
*RLBQ (je m’approprie cette formule, pardon sœurette) càd Reposer Les Bonnes Questions : voilà qui devrait être un réflexe quotidien à défaut d’être permanent. 
Lewis Carroll disait que c’est un bon entraînement de croire 6 choses impossibles chaque matin, je me permets d’ajouter que remettre en cause 6 présupposés fondamentaux en est un autre. Par exemple beaucoup de gens ont la conviction d’être nuls (au hasard, j’aurais pu dire super-forts ou les meilleurs). Je leur conseille de remettre en cause  à la fois cette conviction et ce qui la fonde, ils ne s’en pourront porter que mieux. D’ailleurs si vous avez réussi à me suivre jusque là, je vous assure que vous ne l’êtes pas. Promis, juré, craché !

Petit manifeste pour l’usage du point d’ironie

Je n’ai certes pas la prétention d’avoir la même influence qu’Agnès b mais comme les petits ruisseaux font les grandes rivières et que la chute de petites pierres entraîne les avalanches, j’apporte ma modeste contribution à cette noble cause : Réhabilitons le point d’ironie !
Certes, il peut être amusant de laisser planer le doute sur l’ambigüité d’une phrase. Et pourtant… Combien de fois ais-je eu à m’excuser platement, ajoutant un peu tard que « mais non, c’était ironique, ne le prends pas au pied de la lettre ! » 
Ce joli petit signe en forme de gros nez avec cette toute petite mouche de moustache posé sur la lèvre me rappelle un mien ami qui a là justement un grain de beauté… Est-ce pas plus simple d’ajouter ce petit point que de lourdement, pataudement ajouter « c’est ironique » ? Allègerai-ce pas nos textos ? Aussi c’est décidé, dorénavant j’userai et j’abuserai du point d’ironie !

Sémantique Générale ’01

Je retrouve au fond d’un carton mes volumes de Van Vogt, la Trilogie du non-A (objets d’une prochaine publication qui mijote encore un peu). Du coup, je relie, je redécouvre… Une question me tarabuste : Lorsque j’ai lu cet ouvrage, j’étais très jeune. La « leçon » en Sémantique Générale que veut donner l’auteur s’est-elle imprimé en moi jusqu’à faire à ce point partie intégrante de mon mode de fonctionnement ou bien est-ce là une chose innée, une caractéristique comme les rayures du zèbre ? Enfin bref, un mien ami voulait que j’explicite un peu les notions de la Sémantique Générale (dont « l’inventeur » serait Korzybski, je creuse la question) et voilà la réponse que je lui ai donnée :
Je pense que l’on peut simplifier en disant qu’il s’agit à chaque instant, dans chaque situation de prendre le temps de percevoir tous les aspects d’un événement, de s’abstraire de tous les biais de perception dus à la culture, l’éducation, l’expérience, etc. afin que, lorsque l’on s’exprime verbalement à ce sujet, ce soit de façon aussi objective et exhaustive que possible. Idem lorsque l’événement en question est une phrase (fait, commentaire, jugement…) émise par un interlocuteur. Tenir compte de son propre biais mais également de celui de l’autre.
Un exemple tout bête, Mamounette ne perçoit pas la nuance entre le vert et le turquoise : lorsqu’elle dit vert, il peut arriver que moi, je vois turquoise. Bien sûr c’est encore plus vrai dès que les émotions et les souvenirs de chacun entrent en jeu. Un même événement peut être agréable pour moi et lié à de bons souvenirs et extrêmement désagréable pour toi. Je pense que l’essentiel est de se souvenir à chaque instant que mon point de vue n’est pas universel et que je ne suis le centre que de mon propre univers.
Je pense que c’est seulement ainsi, en faisant l’effort de  »sortir de soi » que l’on s’élève au dessus de l’animal pour devenir pleinement humain.
 ++ Réfléchir

L’enfant d’éléphant

P1290694-20130330-231719-788366Il était une fois, Mieux-Aimée, un enfant d’éléphant qui était dévoré d’une insatiable curiosité. Il posait sans cesse des questions et pour seule réponse, il se faisait cogner. Lorsqu’il demandait à son oncle Hippopotame pourquoi il avait de tout petits yeux rouges, son oncle Hippopotame le cognait. Quand il demandait à son oncle Babouin pourquoi les bananes poussent dans les arbres alors que les melons poussent par terre, son oncle le Babouin le cognait des quatre pattes et même de sa longue queue ! Un jour, alors que l’oiseau Kolo-Kolo venait apporter des nouvelles, il voulut savoir ce que le Crocrodile mange pour son repas. Ils se mirent tous à le cogner mais lui, il insistait : « qu’est-ce qu’il mange le Crocrodile ? » Paf ! « Aïe ! Qu’est-ce qu’il mange le Crocrodile ? » Paf ! et ainsi de suite, jusqu’à ce que son papa d’éléphant lui réponde : « Ha tu veux le savoir ! Et bien va donc lui poser la question ! ». L’oiseau Kolo-Kolo lui indiqua où trouver le Crocodile : près du grand fleuve Limpopo qui est tout gis-vert et tout bordé d’arbres à fièvre. Il lui arriva toutes sortes d’aventures en chemin (notamment avec un serpent Python Bicolore de Rocher). Lorsqu’il rencontra enfin le Crocodile et qu’il lui posa sa question, le Crocodile lui répondit « Vient ça petit, vient ça, je vais de le dire au creux de l’oreille… » et Gnack ! il lui attrape le bout du nez. Ah oui Mieux-Aimée, j’ai oublié de te dire qu’en ce temps là les éléphants n’avaient pas de trompe mais seulement un petit nez noiraud, courtaud, dont ils ne pouvaient rien faire. Enfin donc Gnack ! Le Crocodile attrape le nez de l’enfant d’éléphant et commence à le tirer vers le fleuve. Mais l’enfant d’éléphant ne se laisse pas faire ! Il tire, il tire (avec l’aide de son ami, le Serpent Python Bicolore de Rocher) et son nez : ça l’allonge ! Enfin voilà l’enfant d’éléphant avec un long nez (qui n’est pas vraiment une queue de devant) et qui fait un bruit de trompette… C’est décidé, c’est une trompe ! Et bien utile en plus : on peut s’asperger avec de la boue (avantage numéro 1 !) On peut aussi cueillir les melons par terre et les bananes dans les arbres (avantage numéro 2 !) Et bien sûr, on peut s’en servir pour taper quelqu’un… Et voilà l’enfant d’éléphant tout guilleret qui revient dans sa famille. Et lorsqu’ils lui posent la question « Mais mon petit, qu’est-ce que tu as là ? »… « Ah vous voulez-le savoir ! » Paf ! Paf ! Paf ! Ses parents penauds sont allés voir le Crocodile et ils sont revenus en chantant en choeur : « Un éléphant, ça trompe, ça trompe, un éléphant… »

Ici le texte original et la traduction française

Thomas

I never knew I would miss you so when you said you’d go. 
We were not lovers, we never even acknowledged we were friends but we spent seven hours a day, five days a week together, wandering aimlessly in the streets of our city. We talked and laughed, we said the most silly things and discussed the meaning of the universe. We were silent together. 
Now I miss you, you go to work with someone else. Do you laugh together ? Are you silent together ? 
Every day I see a ghost of you, acting like you, speaking like you would, fading, as soon as I look at you. You were the first of our kind I met and as such you will always be special to me. I remember fondly, sadly, the days that will be no more.

Tu es parti.
Même tes silences me manquent.
C’est maintenant, avec ton absence comme un trou béant là ou se trouvait un chêne solide que je m’aperçois de la place que tu avais pris dans ma vie. Nous n’étions pas amants, j’ignore même si nous étions amis. Non, nous passions seulement ensembles nos heures d’ennui, à rouler sans but, équipiers.
Oui, ce sont tes silences qui me manquent le plus, ceux qui montraient bien que tu comprenais à demi-mot ce que je n’osai pas dire. Les autres ont retenu ce grain de folie qui nous rapprochait aussi. Mais aucun d’eux ne comprend cette douleur lancinante, ce vide que tu as laissé.
Comment sauraient-ils que chaque moment avec eux, je vois ton fantôme agir, réagir, rire. Ils ignorent que chaque feu qui passe au vert me donne envie de hurler « Une grenouille » à ta mémoire, me donne envie de pleurer car tu dis maintenant cela à d’autres.
Les jours où nous errions sous la pluie, silencieux, sont révolus. Te souviens-tu de ces moments ? Ton nouvel équipier saura-t-il se taire quand tu cherches tes mots ?

Farewell, Thomas, my partner, my friend,
I will always love you.

Sparkle ‘origine

This entry is part 1 of 3 in the series Sparkles

Il était une fois…
Bain_de_soleil_sur_le_mont_800_X_600Best-beloved, il était un temps où les animaux étaient sauvages. Et l’homme était sauvage aussi. Ceci est l’histoire du Premier Ami ou comment la femme apprivoisa le chien, puis le cheval, puis la vache. Et l’homme aussi, qui était sauvage comme j’ai déjà dit. Mais le chat, lui s’en va tout seul et tous lieux se valent pour lui…

Et pourtant comme j’ai dit, There is no place like home. Aussi ce chat-là, lui, tout quantique qu’il soit, a trouvé sa horde…

La culture des huîtres

La poésie des huîtres

La langue française regorge de proverbes qui en font la saveur mais sont autant de pièges pour le locuteur non averti. Les huîtres de mon entourage font régulièrement mes délices en tentant sans succès d’imager leur discours de perles bien trouvées. J’aime tout particulièrement retrouver l’origine de chaque partie de ces chimères linguistiques et je m’amuse toujours de l’écueil qui les a fait s’hybrider.

Warchild

Si plusieurs univers littéraires m’inspirent particulièrement tant je me sens d’affinités avec eux, les livres qui m’ont le plus émue sont bien entendu ceux dont les héros me touchent, sans forcément que je m’intègre à l’univers dont ils sont issus.

Parmi ceux-là, les personnages que Robin Hobb anime sous nos yeux sont particulièrement crédibles, vivants. S’ils tiennent une place de choix sur mes étagères, c’est sans doute que dans les épreuves qu’ils affrontent, tous sont abandonnés dans une solitude effrayante et leur isolement même me fait me sentir proche d’eux – ô paradoxe…

Ma dernière razzia dans les rayons de ma librairie favorite m’a apporté un nouveau petit bijou : Warchild. Une histoire plutôt banale d’un enfant enlevé par un manipulateur sadique sur fond de guerre stellaire contre des aliens pas si différents de nous.

Vous me direz si c’est banal, quel intérêt ? Et bien… Comment ne pas m’identifier au héros muré dans sa douleur, incapable de comprendre ses sentiments et ceux des gens qui l’entourent ?

Car la véritable tragédie tient à cela : il ‘suffirait’ au héros d’ouvrir son cœur pour commencer à guérir ; le premier pas est le plus difficile, parce que l’on ne croit jamais qu’il soit possible. Notre propre esprit devient notre ennemi, nos mécanismes de défense nous blessent et le cercle ne peut s’arrêter sans un acte de foi énorme, qui est d’abord la foi en soi.
Croire en sa propre valeur, croire que l’on mérite d’être heureux, d’être aimé devient la chose la plus difficile du monde. Parfois, le regard de l’autre suffit à entrebâiller cette porte. Et parfois un effort terrible est nécessaire pour accepter de se risquer à aimer, à être rejeté, peut-être…