La ch’tite michante sorcieure jaeyante

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‘- Une sorcière fait attention à tout ce qui se passe. Une sorcière se sert de sa tête. Une sorcière est sûre d’elle. Une sorcière a toujours un bout de ficelle…
– Moi, j’ai toujours un bout de ficelle ! s’exclama Tiphaine. Ça rend toujours service !
– Bien. Mais la sorcellerie ne se réduit pas à de la ficelle. Une sorcière voit à travers et derrière les choses. Une sorcière voit plus loin que la plupart des gens. Une sorcière voit ce qu’il y a au-delà. Une sorcière sait où elle est, et aussi quand. (…)’

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L’enfant sorcière

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Alfred et moi
Tout a commencé par une chanson. C’était les vacances de Noël et je me ressourçais dans mon pays natal, dans ma famille. Mes parents écoutaient un album de Thomas Fersen qu’ils trouvaient de grande qualité, « Je suis au Paradis ». Étant moi-même plutôt fan de ce chanteur que j’ai déjà eu la chance de voir en concert, j’ai diffusé les chansons en boucle, les trouvant toutes entraînantes et divertissantes. Toutes ? Non ! Car « L’enfant sorcière » fait curieusement tache dans l’atmosphère doux-dingue de l’album, d’une mélancolie inhabituelle pour Fersen. Et je me suis trouvée curieusement touchée par l’histoire de cette petite fille qui me semblait un écho déformé de ma petite enfance. Enfant de fée, pas très intéressée par les services religieux, je n’y trouvait d’intérêt que parce que je savais que le prêtre recevrait avec plaisir mon petit bouquet de pâquerettes, que je me hâterais d’aller cueillir dès l’envoi… Je me suis souvenue des heures passées à jouer dans les prairies des Pyrénées Orientales, à confectionner de petits bouquets plantés sur des pommes de pin ou des écorces détachées des troncs. Oui, je me suis imaginée vivre à l’époque obscure des chasses aux sorcières et subir un sort semblable… Je vous livre une retranscription fidèle des paroles.


Elle était l’enfant d’une famille très orthodoxe et fière
D’une première union, elle ne voulait pas dire sa prière,
A l’église, elle avait peur de l’homme noir dans sa chaire.

Et comme elle montrait cette aversion pour le service divin,
Elle fut confiée à l’homme noir, un homme dur, afin
Que le Seigneur pût conduire son oeuvre triste à bonne fin.

Sous les ronces et le lierre est la tombe de l’enfant sorcière.

Refusant le plan conçu pour elle par l’Insondable Maître,
Elle s’est enfuie, on l’a trouvée en haut du bois de hêtres,
Son habit de pénitente avait passé par-dessus tête.

Elle fascinait les truites prudentes de la rivière,
Charmait les oiseaux, menait son jeu avec une vipère,
Elle fut reprise et enfermée au presbytère.

Sous les ronces et le lierre est la tombe de l’enfant sorcière.

Elle se glissa dehors, enfant de fée ou de lutin,
Dans une petite fosse creusée dans les haricots du jardin,
On l’a retrouvée mouillée de rosée du matin.

Il y a eu grande tristesse parmi notre petit nombre
Au moment où le cercueil allait descendre dans la tombe,
On a entendu un cri venant du royaume des ombres.

Par le chirurgien, le couvercle de bois fut enlevé,
En nous regardant, la petite morte lentement s’est levée,
Poursuivie par les enfants, comme une chatte s’est sauvée.

Elle s’est effondrée sans vie en haut, en haut du bois de hêtres.
Les enfants l’ont cajolée dans l’espoir de la faire renaître,
Le sacristain dans le vent faisait résonner sa clochette

Sous les ronces et le lierre est la tombe de l’enfant sorcière.
L’enfant sorcière, Thomas Fersen, « Je suis au Paradis »

En effectuant quelques recherches, j’ai appris que Fersen s’était inspiré d’un texte de Gottfried Keller…D’une tristesse insondable et dont je préfère vous faire grâce.

Au Pays d’Oz

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Vous l’aurez noté, ces pages comportent quelques références au magicien d’Oz et pourtant aucun article n’y est consacré. C’est qu’à l’origine, l’important me semblait seulement être la « morale » de l’histoire : On n’est jamais si bien que chez soi. Ça me semblait d’autant plus important que chez moi, je savais pas bien où ça se trouvait. Oh j’avais des racines géographiques, familiales même, mais un chez moi ? Point. D’où l’importance aussi de la chanson, « somewhere I belong » de Linkin Park. Et bien après quelques péripéties (péripéties qui ont principalement abouti à savoir qui est ce je qui écrit…), chez moi, j’ai décidé que ça se trouvait tout bêtement là où j’étais moi. Et comme vous l’aurez sûrement remarqué, je suis un peu perchée (comme un chat ⸮) loin du Kansas, je me suis dit qu’en bonne denizen du pays d’Oz, j’étais presque fatalement… une sorcière !
Et c’est là ce que je m’en vas vous raconter…
good-wicked witch oz

Main senestre, article sinistre ⸮

Je faisais à ma bonne habitude quelques recherches sur le net, cherchant comment éduquer ma « main faible », lorsque je suis tombée sur cet article sur le site du Parisien. Et là, comment dire ? J’ai commencé par trouver ça bizarre, puis je me suis mise à rigoler franchement. C’est dans des occasions comme celle-ci que je me demande si l’auteur se prend au sérieux ou non. Encore une bonne raison d’user et d’abuser de mon cher point d’ironie !
Je vous laisse juger par vous même (je jure solennellement de n’avoir pas modifié une virgule du texte originel, ni des commentaires et si vous ne me croyez pas, voyez par vous-même).

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Miaaaaou ⸮

Il est tout mignon avec sa fourrure douce et ses yeux d’épagneul mais ce sourire me fait froid dans le dos… Pensez qu’il peut se matérialiser sur votre épaule à tout moment avec ses grandes dents…
Un pur race quantique, qui est là et pas là, qui a poussé la double essence tellement loin qu’il est aussi parfaitement sain d’esprit (pour un chat s’entend) que totalement schizophrène !
Lewis Carroll, né Charles Lutwidge Dodgson. Écrivain, mathématicien, photographe né le 27 janvier 1832 dans le Cheschire (angleterre), décédé le 14 janvier 1898 à Guilford ; Erwin Rudolf Josef Alexander Schrödinger (12 août 1887 à Vienne – 4 janvier 1961) est un physicien et théoricien scientifique autrichien.
Schrödinger avait 11 ans à la mort de Lewis Carroll, il n’avait pas encore découvert cette race de chat. On peut donc supposer que les chats quantiques sont injustement nommés chats de Schrödinger et devraient être appelés chats de Carroll. Cependant il n’est pas prouvé que les chats quantiques soient plusieurs, étant donnée leur capacité à être et à ne pas, il est possible qu’il n’y ait qu’un seul chat qui ne soit pas « time-binded ». Sans compter ses 9 vies.
De toutes façons, que ça nous plaise ou pas, il sont. Ou pas ⸮

La mano sinistra

Fallait bien que je finisse par en parler un jour, puisque je n’en suis pas peu fière, bien qu’à vrai dire,  je n’y sois pour rien. Ou si peu… enfin voilà que depuis quelques mois, je me découvre une ambidextrie qui m’avait toujours fait rêver mais que je croyais à jamais inaccessible. Comme quoi en l’occurrence il me suffisait d’y croire, comme Alice. Alice qui par ailleurs a rencontré un jour un chat quantique. Mais je m’égare…
Donc cette main gauche qui m’était assez inutile (bien qu’agile puisque formée au doigté délicat d’un clavier d’accordéon) se révèle finalement la main fantasque, un peu bohème, la main de la création, celle de la rébellion. Celle que j’utilisais pour passer le temps lors des longs cours ennuyeux du lycée puisqu’elle était si lente, celle que j’utilise maintenant qu’elle se défend mieux, juste pour faire râler mon chef au boulot. Et puis de temps en temps, c’est cette main senestre, la main sinistre qui prend les commandes et attrape un crayon, alors que tiens, justement, je voulais dessiner une icône pour ranger mes fichiers sur mon projet Ariane, travail au long cours, qui rumine toujours au fond de ma cervelle… Et le crayon se met à labyrinther sur le brouillon, sans plus hésiter, main gauche artiste, pas si sinistre…

Discours sur l’origine de l’univers

D’où vient l’univers ? D’où vient qu’il y a un univers ? Inlassablement la question de l’origine de l’univers se pose à nous. Elle attise notre soif. À l’évidence quelque chose de très profond se joue là. (…) de quoi cette réalité en amont de toutes les autres est-elle constituée ? Cette réalité qu’on n’approche jamais qu’en termes imprécis comme si le langage, cherchant à l’atteindre, se dispersait immanquablement et ratait sa cible.

nébuleuse2Commençons par émettre l’hypothèse – saine lorsqu’on entreprend l’écriture d’un livre – que les mots ont un sens bien défini. Dans ce cas, prendre la question de l’origine au sérieux, saisir le mot « origine » dans son sens le plus radical, ne consiste pas seulement à tenter de décrire les phases les plus anciennes de notre univers : c’est d’abord s’interroger sur le passage de l’absence de toute chose – le néant – à la présence d’au moins une chose (ou d’au moins un être) ; c’est donc affronter d’emblée le mystère du néant et de ses métamorphoses possibles : comment le néant a-t-il pu cesser d’être le néant ? En d’autre termes, penser le commencement du monde revient rigoureusement à penser son absence, et à penser comment son absence a pu se transmuter en présence : par quelle sorte de conversion ce qui n’est rien peut-il devenir un monde ? (…)

Tout se passe en somme comme si nous ne parvenions à penser l’absence de toute chose que par la représentation de quelque chose. (…) Dans notre esprit, abolition signifie d’abord substitution : l’absence devient présence, le non-être s’habille d’être.

Tel est le paradoxe du néant, qui imprime un tour à notre réflexion : penser le rien n’est pas penser à rien ; en affirmant son existence, on le substantifie et, ce faisant, on extirpe le néant de son statut de néant.

Étienne Klein