It’s like a foreign place in my depths, a dwelling of darkness, a well dripping sadness.
It’s made of anger, of sadness and of unmourned death.
It’s like a foreign place in my depths, a dwelling of darkness, a well dripping sadness.
It’s made of anger, of sadness and of unmourned death.
Over and over
I think it through.
Over and over
I make it new.
But I don’t know why
when I meet you
each time I’m wry.
I wish I could tell
all the feelings I have
for you.
‘- Une sorcière fait attention à tout ce qui se passe. Une sorcière se sert de sa tête. Une sorcière est sûre d’elle. Une sorcière a toujours un bout de ficelle…– Moi, j’ai toujours un bout de ficelle ! s’exclama Tiphaine. Ça rend toujours service !– Bien. Mais la sorcellerie ne se réduit pas à de la ficelle. Une sorcière voit à travers et derrière les choses. Une sorcière voit plus loin que la plupart des gens. Une sorcière voit ce qu’il y a au-delà. Une sorcière sait où elle est, et aussi quand. (…)’
Tout a commencé par une chanson. C’était les vacances de Noël et je me ressourçais dans mon pays natal, dans ma famille. Mes parents écoutaient un album de Thomas Fersen qu’ils trouvaient de grande qualité, « Je suis au Paradis ». Étant moi-même plutôt fan de ce chanteur que j’ai déjà eu la chance de voir en concert, j’ai diffusé les chansons en boucle, les trouvant toutes entraînantes et divertissantes. Toutes ? Non ! Car « L’enfant sorcière » fait curieusement tache dans l’atmosphère doux-dingue de l’album, d’une mélancolie inhabituelle pour Fersen. Et je me suis trouvée curieusement touchée par l’histoire de cette petite fille qui me semblait un écho déformé de ma petite enfance. Enfant de fée, pas très intéressée par les services religieux, je n’y trouvait d’intérêt que parce que je savais que le prêtre recevrait avec plaisir mon petit bouquet de pâquerettes, que je me hâterais d’aller cueillir dès l’envoi… Je me suis souvenue des heures passées à jouer dans les prairies des Pyrénées Orientales, à confectionner de petits bouquets plantés sur des pommes de pin ou des écorces détachées des troncs. Oui, je me suis imaginée vivre à l’époque obscure des chasses aux sorcières et subir un sort semblable… Je vous livre une retranscription fidèle des paroles.
Elle était l’enfant d’une famille très orthodoxe et fière
D’une première union, elle ne voulait pas dire sa prière,
A l’église, elle avait peur de l’homme noir dans sa chaire.Et comme elle montrait cette aversion pour le service divin,
Elle fut confiée à l’homme noir, un homme dur, afin
Que le Seigneur pût conduire son oeuvre triste à bonne fin.Sous les ronces et le lierre est la tombe de l’enfant sorcière.
Refusant le plan conçu pour elle par l’Insondable Maître,
Elle s’est enfuie, on l’a trouvée en haut du bois de hêtres,
Son habit de pénitente avait passé par-dessus tête.Elle fascinait les truites prudentes de la rivière,
Charmait les oiseaux, menait son jeu avec une vipère,
Elle fut reprise et enfermée au presbytère.Sous les ronces et le lierre est la tombe de l’enfant sorcière.
Elle se glissa dehors, enfant de fée ou de lutin,
Dans une petite fosse creusée dans les haricots du jardin,
On l’a retrouvée mouillée de rosée du matin.Il y a eu grande tristesse parmi notre petit nombre
Au moment où le cercueil allait descendre dans la tombe,
On a entendu un cri venant du royaume des ombres.Par le chirurgien, le couvercle de bois fut enlevé,
En nous regardant, la petite morte lentement s’est levée,
Poursuivie par les enfants, comme une chatte s’est sauvée.Elle s’est effondrée sans vie en haut, en haut du bois de hêtres.
Les enfants l’ont cajolée dans l’espoir de la faire renaître,
Le sacristain dans le vent faisait résonner sa clochetteSous les ronces et le lierre est la tombe de l’enfant sorcière.
L’enfant sorcière, Thomas Fersen, « Je suis au Paradis »
Commençons par émettre l’hypothèse – saine lorsqu’on entreprend l’écriture d’un livre – que les mots ont un sens bien défini. Dans ce cas, prendre la question de l’origine au sérieux, saisir le mot « origine » dans son sens le plus radical, ne consiste pas seulement à tenter de décrire les phases les plus anciennes de notre univers : c’est d’abord s’interroger sur le passage de l’absence de toute chose – le néant – à la présence d’au moins une chose (ou d’au moins un être) ; c’est donc affronter d’emblée le mystère du néant et de ses métamorphoses possibles : comment le néant a-t-il pu cesser d’être le néant ? En d’autre termes, penser le commencement du monde revient rigoureusement à penser son absence, et à penser comment son absence a pu se transmuter en présence : par quelle sorte de conversion ce qui n’est rien peut-il devenir un monde ? (…)
Tout se passe en somme comme si nous ne parvenions à penser l’absence de toute chose que par la représentation de quelque chose. (…) Dans notre esprit, abolition signifie d’abord substitution : l’absence devient présence, le non-être s’habille d’être.
Tel est le paradoxe du néant, qui imprime un tour à notre réflexion : penser le rien n’est pas penser à rien ; en affirmant son existence, on le substantifie et, ce faisant, on extirpe le néant de son statut de néant.