La grande roue ne s’arrêtait jamais, tournant sans trêve pour alimenter l’Asie en électricité. Sa silhouette massive dominait la ville et servait de point de repère à plusieurs de dizaines de kilomètres alentour.
– Laisse le tranquille Louis !
– Hé Super ! Retourne faire le hamster !
– Arrête Louis, maman dit que Super est une personne, il a des sentiments aussi.
– Il est même pas humain et de toutes façons ta mère croit que son chat a des sentiments !
La bande de gamins se mit à rire méchamment et à lancer des insultes salaces.
Super les regarda s’éloigner en bousculant le garçon qui l’avait défendu. Il ramena son regard par terre. C’était une habitude qu’il avait prise, parce que c’était plus facile que de regarder les gens qui l’humiliaient sans arrêt. Il aurait bien voulu qu’ils arrêtent, il aurait voulu être comme tout le monde mais même s’il n’avait pas été obligé de porter l’uniforme rouge et bleu, son visage était connu dans le monde entier. Il se demanda vaguement comment le premier Super avait réussi à passer inaperçu juste grâce à une paire de lunette puis secoua la tête. Il était stupide, le premier Super était un dieu vivant et il n’en était même pas la pâle réplique, seulement un clone de clone de clone de…
Des décennies de manipulations génétique reprirent le dessus et il se dirigea d’un pas lourd vers la grande roue qui dominait la ville. Le mantra habituel domina de nouveau ses pensées et il cessa de prêter attention aux pierres que lui lançaient les enfants. Une fois, une bande d’ados l’avait obligé à servir de cible pendant qu’ils testaient un vieux fusil trouvé au fond d’une cave mais ça n’arrivait pas souvent. La plupart des adultes l’ignoraient tout simplement.
Ses pas lourds l’amenèrent à la roue, le tournoiement hypnotique approfondissant sa transe. Lorsque le mantra coincida avec le tournoiement, il s’envola et pris place sur un rayon puis se mit à pousser. Ce n’était pas l’heure de son service mais il n’avait pas vraiment autre chose à faire et puis ici, il se sentait utile.
Woosh
«Sauver la planète»
Woosh
«Super, une énergie renouvelable pour l’avenir»
Woosh,
woosh,
woosh…
Inspiré par Sabachan, qui est parti regarder le soleil se lever sur Kyoto…