― Bonjour monsieur l’agent, c’est pour vous dire qu’hier, je suis allé cueillir des pommes.
― D’accord.
― Moi je voulais pas venir mais ma femme m’a dit qu’il fallait que je vous en parle.
― De quoi, des pommes ?
― Oui, c’est dans la rue Newton, il y a un pommier dans le terrain vague et des fois je vais cueillir des pommes.
― Vous avez fait une tarte ?
― Non, mais j’ai trouvé un crâne.
― Ah bon ? D’accord. C’est quoi comme crâne, un chien ?
― Non non, un homme.
― Ah ouais ? Tu me fais marcher, c’est ça ?
― Non, je vous jure. Un crâne là, près du pommier.
― Dans la rue Newton. Tu te paie ma pomme.
― Mais non je vous dis, vous n’avez qu’à venir voir avec moi, je vous montre où c’est.
Pimpon pimpon, ils y vont. Sous un pommier, dans la rue Newton…
― Paul Newton ?
― Mais non andouille, Isaac !
― Ben j’en sais rien moi !
― … de toute évidence…
… dans la rue Newton donc, sous un pommier, un crâne -d’homme- est posé. Quelque chose m’agace dans cette affaire de pomme de Newton, une ritournelle que j’ai sur le bout de la langue. Curieuse sensation agaçante que celle de la ritournelle qui devrait me tourner en boucle dans le cr… pardon, la caboche et qui me reste coincée sur le bout de la langue.
C’est à ce moment que je reçois un message de Thomas, avec qui nous avons un défi toujours en cours depuis de longues années de «qui qu’aura un collègue qui sortira la plus belle perle». La pêche du jour dans sa province donne «Vous comprenez madame, un corps, ça se désagrège au bout d’un moment il ne reste que les os. A ce moment là, si la famille veut en jouir…»
Thomas, le crâne, la pomme…
Quel beau métier quand même !
C’est l’histoire des deux Thomas. Ou bien c’est une histoire de pommes. En tous les cas, il y a un crâne. Et ça n’est même pas encore Halloween.
Parfois la réalité dépasse la fiction et il devient difficile de tracer la limite de ce qui est dû à l’imagination.