- Héraclès et Télèphe
- Le lac de Stymphale
– Ne t’éloignes pas trop !
Sotto vocce – Je ne sais pas pourquoi je m’égosille, ce gosse ne m’écoute jamais !
– Télèphe ! Reviens ici tout de suite ! Si tu ne reviens pas à trois, je le dirai à ta mère ! TELEPHE ! UN !… DEUX !… TR…
Dans un grand éclat de rire insouciant, Télèphe est enlevé dans les airs par Stymphalos, l’oiseau au plumage d’airain.
– Stymphy ! Repose-le tout de suite ! Stymphy je rigole pas, si tu tiens à tes plumes, tu le reposes MAINTENANT !
L’oiseau jeta un cri railleur, tournoyant hors de portée d’Héraclès impuissant.
– Très bien, je vais demander à Mégara de faire de la poule au pot !
Stymphalos l’ignore superbement et Télèphe glousse de joie. Excédé, Héraclès bande son arc et fait mine de tirer. L’oiseau, feignant la terreur lâche l’enfant dans le lac. Télèphe émerge en crachotant et patauge dans l’eau peu profonde, tendant ses petits bras vers le ciel, plein d’espoir.
Inquiet, Héraclès se hâte, priant contre toute vraisemblance que sa femme n’ait rien vu – la sorcière lui semble parfois avoir des yeux derrière la tête. Il exécute un plongeon parfait, son corps de héros troublant à peine l’onde, son physique de dieu grec mis en valeur par l’eau ruisselante sur ses muscles saillants. Il soulève son fils de l’eau, lui arrachant un nouvel éclat de rire mais une voix sévère le fait grimacer. Tenant son fils qui gigote, penaud, il se retourne vers la berge.
– Oui ma douce ?
– Je ne me souviens pas t’avoir demandé de donner son bain à mon fils !
– Il faisait chaud, j’ai pensé…
– Pensé !? Peuh ! Toi ?
Impérieuse, elle tend les bras et réclame l’enfant qui s’y jette en babillant. Lançant un dernier regard noir à son époux, elle s’éloigne en cajolant l’enfant.
Abattu, Héraclès reste seul les pieds dans l’eau. Avec un soupir, il ramasse l’arc imbibé d’eau et les suit en rêvant à sa prochaine mission…
Ecrit au Musée Bourdelle, en compagnie de ♥Saba-chan
C’est le retour de l’atelier des musées ! Sans doute d’autres pièces à suivre dans ce musée Bourdelle (j’ai déjà repéré un joli cheval de bronze dans le jardin, je n’en dis pas plus !)
C’est l’occasion de relire une autre picoNouvelle, écrite il y a tout juste un an et mettant en scène le héros et son fils : Héraclès et Télèphe !