J’aimerai bien savoir d’où viennent ces expressions de « sagesse populaire » qui nous formatent le cerveau. Je sais moi qui me les a transmises et je me bats presque quotidiennement contre cette petite voix, souvenir familier, qui me serine sa « sagesse ». Aujourd’hui, j’accuse « la parole est d’argent mais le silence est d’or ».
A première vue (dont j’ai ample provision, de même que de second degré), à première vue donc, c’est très beau. Profond même. On s’en sert fréquemment pour faire taire les gens qu’on n’a pas envie d’entendre – surtout les enfants j’ai remarqué – mais ce qui compte vraiment c’est que ça a l’air hyper profond non ? Moi j’ai des amis qui y croient en tous cas alors ça peut pas être si problématique. En fait ils y croient tellement qu’ils disent jamais trop grand chose. Surtout quand ça va pas. Parce que c’est bien connu que se réfugier dans un silence blessé c’est tellement efficace pour résoudre ses problèmes
Bon, il va bien voir que ça va pas, s’il réagit pas c’est qu’il n’en a vraiment rien à faire de moi… Pourquoi il réagit pas ?
Ben soit il s’est rendu compte de rien, soit il sait que ses questions n’obtiendront pour toute réponse qu’un silence d’or… et il est déjà découragé soit il n’en a effectivement rien à cirer. Mais bon, tu sauras pas puisque tu discuteras jamais du problème.
Alors non, décidément, cette expression là, je l’aime pas, je suis pas d’accord et je le dis. Parce que se taire ne donne raison qu’aux oppresseurs de toutes sortes, surtout à ceux qu’on se traîne en bagage dans nos pauvres têtes, selon le principe bien connu « qui ne dit mot consent », principe que je vais par ailleurs prochainement réfuter.
Et puis de toutes façons, j’ai toujours préféré l’argent.
Et si (c’est une supposition) le sens que l’on donne aux mots avait évolué, si cela rendait une expression caduque ?
En gros, si on part du principe qu’il y a un sens à tout ce bazar, mon esprit prompt à la tetracapilectomie longitudinale sort de sa torsion les éléments suivants :
– L’or, c’est beau, ouah ! (je commence doucement, il est tard).
– L’argent, c’est beau aussi, mais moins.
On en déduirait facilement que Or > Argent, donc la ferme.
Sauf que :
L’or, on le garde au coffre, l’argent le garde chez soi, ça sert souvent, c’est utile.
Du coup, ça pourrait devenir « Parle peu, mais parle bien ».
Autrement dit, augmenter le volume de mot sans valeur ajoutée contribue à la dévaluation de la cote de l’argent, ce qui amène les investisseurs à se réfugier sur l’or qui profite d’une déflation passive en réaction de ce mouvement de marché. Or (!) consécutivement à ce phénomène, on assistera à l’éclatement de la bulle spéculative, qui provoquera une brusque remontée de l’indice de l’argent, donnant l’illusion que tout est bon à dire.
Oui bon, ça va, les élections, ça ne me réussit jamais.
Dans le même genre, il y a « Un con qui marche ira toujours plus loin qu’un intellectuel assis ». Ha, que de murs défoncés (le mur à gagné) par des fonceurs dans le brouillard – une profession qui a de l’avenir – la conscience tranquille d’avoir agit dans le sens de la sagesse populaire, avec la satisfaction du travail accompli.
J’ai hâte de lire ton prochain article.
Tu commences doucement mais je suis à deux doigts de sortir mon encyclopédie pour suivre ton raisonnement. M’a l’air fumeux.
On peut capilosecter évidemment, c’est tout l’intérêt n’est-ce pas mais le pékin lambda il navigue à première vue sans son second degré dans le brouillard et même à un train de sénateur, le mur fait mal. C’est tentant d’établir une nuance, parlons peu mais parlons bien mais quand on se bat contre les préjugés on ne peut pas se permettre de nuancer de peur que l’ennemi ne s’engouffre dans la brèche que vous lui avez obligeamment ouverte. Donc non, le silence d’or aux orties, vive la liberté d’expression !