« Il y a du sacré dans les larmes. Ce ne sont pas des signes de faiblesse, mais de force. Ce sont les messagers de l’incommensurable chagrin, et de l’indicible amour. » Washington Irving
A un moment, j’en ai eu marre.
Ç’a commencé comme ça. Je me suis dis qu’il fallait que je « consulte ». Seulement bon, les psys c’est bien joli mais au fond ça ne m’apporte vraiment pas grand chose. Comprendre d’où viennent mes problèmes ? J’ai pas vraiment besoin d’aide pour ça, ça peut paraître arrogant mais c’est fou ce qu’on faire tout seul quand on s’attache à prendre le temps de bien y réfléchir. Donc il me fallait quelqu’un qui puisse m’aider à résoudre le problème plutôt qu’à l’identifier. J’en ai parlé à mon médecin, une jeune femme aussi feu follet que moi. Elle m’a dit : « Allez voir Jeanne, elle fait des miracles. En tout cas elle en a fait pour moi. » Ah ? Mon médecin traitant, si feu follet soit-elle qui ose parler de miracles ? Intéressant…. Elle m’a dit, « c’est un peu spécial comme méthode, ça s’appelle l’EFT. Renseignez-vous sur internet et si ça vous intéresse je vous donnerai ses coordonnées. «
Ni une ni deusse, me voilà sur la toile à regarder la bête de près. EFT, c’est l’acronyme d’Emotionnal Freedom Technique, en français la Technique de Libération Émotionnelle. Quoi-t-est-ce donc ? Ça s’inspire de la médecine énergétique chinoise. Pourquoi pas. Il s’agit de tapoter les extrémités des méridiens. Tient, ça me rappelle un truc ça. On fait ça au taichi ! Et d’ailleurs, c’est depuis que je vais au taichi que mes problèmes de dos (que je sais liés à un problème relationnel précis) ont disparu. Très intéressant décidément. Et en plus, ça n’a pas l’air bien compliqué, une fois qu’on a compris la recette de cuisine de base, il suffit de l’appliquer plus ou moins bêtement.
Le lendemain je rappelai mon médecin, enthousiaste, et deux jours après j’avais une date de rendez-vous… deux mois plus tard.
Entre-temps, le ciel m’est tombé sur la tête : mon premier véritable amour m’a plantée là, sans avertissement et sans explication. Imaginez un premier chagrin d’amour à mon âge ! Je me suis donc pointée à mon premier rendez-vous alors que j’étais dans un état lamentable. J’ai beaucoup parlé, parce qu’il faut bien que la personne qui vous aide sache un peu quel est le problème à résoudre. Ensuite on est rentrées dans le vif du sujet. Ça se passe à peut près comme ça :
- d’abord on résume le problème qu’on veut résoudre en une phrase. Exemple « je suis très triste parce que X m’a quittée ».
- Ensuite on répète cette phrase en tapotant tous les points (sur la tête, le torse, les bras et les mains). C’est là qu’on se rend compte qu’il se passe éventuellement un truc mais c’est assez doux.
- Quand on se sent prêt on change la phrase en exprimant qu’on est prêt à résoudre le problème : « je choisis maintenant d’abandonner ma tristesse » pour continuer sur le même exemple. et on reprend les tapotements.
Durée totale de l’opération : environ 10 minutes, grand maximum. Il y a une phase d’évaluation de l’intensité de l’émotion avant et après. Sur une échelle de 1 à 10, je suis arrivée avec une tristesse à 12. Quand je suis repartie, elle était à 2 (ce qui, vous en conviendrez, est parfaitement vivable). En quelques jours après ça, elle est naturellement retombée à 0 et n’est pas revenue depuis. Autant vous dire que ça fait un choc.
Depuis j’ai poursuivi les séances sur les thèmes que je voulais aborder au départ et ça fait très bizarre. Parfois je me débarrasse d’émotions dont j’avais à peine conscience tant elles faisaient partie de moi. Ça fait un vide, comme quand on vous enlève une dent qui faisait mal. Parfois ça remue plein d’autres choses, comme après une séance de kiné : vous aviez super mal à cet endroit précis et là ça va mieux mais toutes les petites douleurs qui étaient passées au second plan se réveillent d’un seul coup. C’est un peu déstabilisant parce que sans ces vieilles douleurs qui m’ont façonnées, je suis qui ? Mais je me sens légère légère !
(Commentaire, deux ans plus tard…) Si j’ai autant attendu pour revenir sur cette expérience, c’est parce que… j’avais oublié ! Et oui, ça a tellement bien marché que je n’ai jamais eu besoin d’y revenir. Une récente conversation m’a incité à ajouter quelques précisions.
Une séance dure environ deux heures et est toujours scruturée comme suit :
- Evocation qualitative et quantitative du problème (c’est quoi et combien ça fait mal)
- première série de tapotements pour « retirer le plus gros du problème »
- deuxième série de tapotements pour consolider de façon positive
- réévaluation quantitative. Si la réduction n’est pas significative, on cherche pourquoi ça bloque et on reprend à l’étape 1 autant que nécessaire pour arriver à 0.
Les séances sont espacées d’un mois. Au début ça semble long, mais il faut ça pour « laisser retomber ». Il faut du temps avant que l’eau redevienne claire après avoir remué la vase… Et ensuite il reste quelques jours pour se pencher sur le problème suivant à traiter à la prochaine session.
J’ai eu 5 séances, dont la dernière était plutôt du fignolage de précision qu’une réelle nécessité. Et j’ai eu besoin d’une séance supplémentaire environ 4 mois plus tard parce qu’il y a certains traumatisme qui mettent plus de temps à se manifester. Depuis, chaque fois que j’en ai ressenti le besoin, j’ai pu appliquer la méthode toute seule.
Pour résumer sous forme avant/après : avant j’étais tellement mal que j’étais anesthésiée. J’étais toujours d’humeur égale (au fond du trou), rien ne me touchait (sous ma carapace) et même la douleur physique passait inaperçue. Dit comme ça, on pourrait croire que c’est un avantage. L’impression que ça faisait c’est plutôt d’être un genre de zombi mort-vivant qui n’a goût à rien. Depuis, je découvre ce qu’est le SPM, tant au niveau de l’humeur que de la douleur physique, je m’agace pour des bricoles que je remarquais pas avant, mes émotions ne plus un encéphalogramme plat mais une pulsation bien vivante. Un rien pénible parfois mais je ne reviendrais en arrière pour rien au monde.
Alors bon, j’aime pas plus que ça faire de la pub, mais :
- avantage numéro un : ça marche !
- avantage numéro deux : c’est une technique qui peut s’utiliser seul, la seule difficulté consiste à bien cerner le problème que l’on souhaite traiter et la cause de l’émotion négative dont on veut se débarrasser.
Donc : faites tourner !
Pour aller plus loin, le manuel que m’a transmis ma psy et qui est en distribution libre (ne vous laissez pas décourager par le ton des premiers paragraphes qui peuvent sembler religieux voire sectaires, d’expérience c’est assez commun dans les publications psy anglo-saxonnes) :
Etonnant.
Je me demande si je fais la même chose ou autre chose qui n’a rien à voir : quand je suis trop triste, je me révolte contre ma tristesse, je lui dis « fuck that, franchement être triste, aucun intérêt ». Ça marche plutôt pas mal.
Tu arrives derrière en catimini et « BOUH ! »
Sans tapotements ce n’est pas de l’EFT. Ça pourrait être de l’auto-hypnose, ou la bonne vieille méthode Coué. Effectivement, ça marche parfois bien.