Equilibrium

« J’ai découvert un paradoxe. Si vous aimez jusqu’à la douleur, il n’y a plus de douleur, seulement plus d’amour. » Mère Teresa

wildfirePour autant que je sache, mes émotions sont un tigre rendu furieux par une flèche dans le derrière. Un incendie de forêt qui « se propage plus vite qu’un cheval au galop ». Ce que les anglophones appelle wildfire…

foyerJ’ai pas trouvé le mode d’emploi qui me permettrai de dompter la bête et d’en faire un gentil foyer bien chaud et bien domestiqué. Mes émotions sont donc en mode tout ou rien. Ah oui, parce que j’ai quand même trouvé le bouton off à un moment.

Toute jeune, j’ai lu Dune que j’ai adoré pour deux raisons : les Mentats et les Révérendes Mères. Les Révérendes Mères ont un talent : manipuler les gens. Ça ne m’a jamais intéressée en revanche leur méthode m’a fascinée : il s’agissait de ne pas laisser aux autres le moindre indice corporel trahissant leurs propres émotions tout en état à l’affût de celles des autres. Je me suis donc appliquée à me créer un « masque de Révérende », avec un succès mitigé. Le résultat a tout de même été une jolie anesthésie qui m’a permis de survivre aux avalanches répétées qui m’auraient englouties.

Et puis j’ai lu Le Prophète, de Khalil Gibran, où on trouve ce petit bijou :

DE LA JOIE ET DU CHAGRIN

Votre joie est votre chagrin démasqué.
Et le puits même dont votre rire monte, a été fréquemment rempli de vos pleurs.
Et comment en irait-il autrement ?
Plus le chagrin creuse profond dans votre être, plus de joie vous contenez.
La coupe qui contient votre vin, n’est-elle pas la coupe qui a brûlé dans le four du potier ?
Et le luth qui apaise votre esprit, n’est-il pas le bois que le couteau a creusé ?
Quand vous êtes joyeux, regardez profond dans votre cœur, et vous verrez que c’est seulement ce qui vous a fait de la peine, qui vous donne de la joie.
Quand vous êtes chagrin, regardez encore en votre cœur ; et vous verrez qu’en vérité vous pleurez pour ce qui a été votre plaisir.
Il en est qui disent : « la joie est plus haute que la peine »,
et d’autres qui répondent : « Non, le chagrin est plus haut ».
Mais je vous dis qu’ils sont inséparables.
Ils viennent ensemble, et quand l’un est seul avec vous à votre table, rappelez vous que l’autre dort dans votre lit.
En vérité, vous êtes suspendus comme des plateaux de balance entre votre chagrin et votre joie.
C’est seulement quand vous êtes vides, que vous êtes en équilibre.
Quand le gardien du trésor vous élève pour peser son or et son argent, il faut que votre joie ou votre peine, s’élève ou s’abaisse.

Khalil Gibran, Le Prophète

Alors évidemment comme le but c’était d’arrêter de jouer les yoyos fous sur des montagnes russes, l’idée d’équilibre et de vide était vraiment très séduisante. A la relecture, je ne suis pas sûre que c’est là que l’auteur voulait en venir, m’enfin…

Et puis il y a eu ce film que j’adore, qui n’est peut-être pas un monument inoubliable de l’histoire du cinéma ni même du cinéma de science fiction mais qui a apporté sa petite pierre à l’édifice. Je veux parler bien sûr du film éponyme : Equilibrium.

En plus les acteurs sont pas moches… Bref, pour ceux qui l’ont pas vu, allez le voir, pour ceux qui sont absolument réfractaires à la SF (mais qu’est-ce que vous faites encore à lire cet article ?) un bref résumé : Equilibrium est une dystopie située dans une société où les émotions sont strictement contrôlées (ah ! le rêve !) via des injections quotidiennes. Évidemment, les œuvres d’art qui en sont la source sont impitoyablement traquées et détruites.

Dialogue entre l’agent John Preston et Mary O’Brian,
une jeune femme arrêtée pour transgression et possession d’objets interdits

Equilibrium48Mary: – Pourquoi vivez-vous?
Preston: – Je vis pour assurer la continuité de cette grande société. Pour Libria.
Mary: – C’est circulaire. Vous existez pour continuer d’exister. Quel intérêt?
Preston: – Et l’intérêt de votre vie?
Mary: – Les émotions. Vous ignorez de quoi je parle. Vous ne l’avez jamais connu. Mais elles sont aussi vitales que la respiration.
Et sans elles, la respiration n’est que le tic-tac d’une horloge.

Là déjà, ça coince. Mince, j’ai raté un truc ? Et puis il y a eu la Horde et tout a changé… J’ai rouvert le robinet des émotions et j’apprends un peu à les accepter. Je me laisse porter par les vagues en essayant de surnager jusqu’à ce que je puisse faire doucement disparaître les émotions négatives et je profite à fond des émotions positives.

Chaque jour un petit pas sur le chemin qui me fait devenir qui je suis. Pas tant une découverte qu’une création : le terme d’inventeur prends tout son sens dans ce contexte ! Je grandis dans des directions inattendues, je me confronte aux autres et je découvre ainsi mes limites, à travers les leurs. Mon intensité fait souvent peur, parfois elle culpabilise. Elle est ce qui fait de moi ce que je suis avec la myriade de mes autres facettes dont certaines sont exposées ici. Elle est ce qui me rend immense et je l’accepte enfin pleinement, parce qu’en renier ne serait-ce qu’une infime partie c’est me perdre moi-même…

I am many.

A child running, a wolf hopping, a maze. I am she-who-hops-after-the-sparkles-in-glee. I am the young warrior, at the top of his strenght. The son of Meduselde and the daughter of Light, I am stark, waiting for winter, beloving the fall. I am living on margins, uncertain on sharp edges.

Don’t ask me who I am because I am many.

A child craving, a wolf hunting, a maze spinning. I am curling in a corner, licking my wounds in loneliness. I am laughing with my friends near a warm fire. I am calling out for answers. I am the lady-who-asks-a- very-many-questions : one elephant child. I am the cat that walks by himself, I am one of the pack. I breathe I hop I am. I’m lonely and my pack is gone. I am the child craving for attention, I am the lover safe in your arms. I am the hunter thirsty for blood. I am learned, I am wild. I am the ice and fire and the ocean wide. I am the monk embrassing the whole in one mind. I am focused, I am wide :

I am spreading like !

wildfire

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