- INTP : Introduction
- Pourquoi est-ce que je me sens déconnecté ?
En faisant des recherches sur la surefficience et sur les liens possibles avec les types de personnalités MBTI, j’ai fait des recherches sur les INTP. Le discours « officiel » ne m’a guère convaincue et j’ai continué à creuser. J’ai trouvé un blog qui m’a semblé intéressant et plutôt exact. J’ai aussitôt pensé que beaucoup au GAPPESM pouvaient probablement se reconnaître dans cette description. J’ai donc décidé d’entreprendre de traduire les textes mis en ligne sur ce site. J’espère arriver au bout car il y en a une bonne tartine. Pour ceux qui le souhaitent, le site original est The INTP Experience. Un grand merci à l’auteur, Jason Evans, qui m’autorise à traduire et à publier son texte.
Bonne lecture
Introduction : D’où tout cela vient-il ?
On me demande souvent comment me sont venues mes observations sur les INTP que je partage ici. Sont-elles le fruit d’une vie d’efforts ? Un intérêt professionnel ? Ou me suis-je simplement assis pour écrire tout cela ? La réponse courte est qu’elles sont le résultat d’un long voyage personnel.
Premièrement laissez moi dire que je n’ai pas de formation psychologique officielle. J’ai une maîtrise de droit et une licence en Latin et Anglais*. En plus de ma carrière d’avocat et d’administrateur de santé j’ai de nombreux passe-temps ainsi qu’en ont les INTP, dont la psychologie. J’ai étudié de nombreux sujets au fil des ans, y compris Myers-Briggs. Mais même là, il m’en faut davantage. Myers-Briggs est une très bonne façon de décrire et de catégoriser les différences entre les gens dans leur manière de fonctionner et de s’orienter dans le monde. Malheureusement, c’est un peu philosophique et se repose lourdement sur des phrases qui sont par essence imprécises. Des mots tels que « pensée introvertie » et « sentiment extraverti » ne sont pas fabuleusement descriptifs et les gens passent bien trop de temps à débattre de leur signification sans jamais plonger dans le mécanisme de leurs cerveaux et du corps qui les soutient. Voyons les choses en face. Nous sommes des formes de vie mues par un système neurologique complexe. Qu’advient-il au niveau neurologique lorsque nous pensons de telle façon plutôt que de telle autre ? Lorsque nous ressentons et réagissons à nos émotions ? C’est là le niveau que je cherche à comprendre. Que se passe-t-il au niveau le plus basique, le plus fondamental ? Bien entendu c’est là ce que font les INTP. Revenir à l’origine des choses puis retracer chaque embranchement, chaque façon dont ces choses s’imbriquent et affectent le monde.
Laissez moi donc vous en dire un peu à mon propos. Je suis né fils unique, ce qui me plaisait bien que j’ai souvent été solitaire. J’ai rapidement compris que si je voulais passer du temps avec d’autres que moi même, il me fallait les attirer et les garder intéressés. Je n’avais pas de compagnons obligés de jouer avec moi à la maison, il me fallait donc les gagner (enfin à part le chien qui me mordait quand je l’enquiquinait trop). Je devins donc hyper sensible à la façon dont mes actions affectaient les autres. Certaines choses me faisaient aimer des gens, d’autres les faisaient fuir ou me faisaient passer pour une bête de foire. J’appris à me modérer et à modeler mon comportement extérieur pour attirer les gens avec qui je voulais passer du temps. Et j’avais conscience de le faire.
Par la suite, en gagnant en expérience et en observations, je réalisais que je ne ressemblais pas aux gens qui m’entouraient. J’avais un puissant désir de comprendre et de savoir. A propos de tout. J’étais vif d’esprit et je maîtrisais le langage et je remarquais souvent des choses que les autres ne voyaient pas. Personne ne partageait mes vastes intérêts, je n’avais donc personne avec qui en parler. Même mes parents me trouvaient bizarre. Je me trouvais souvent en posture de leader ou de mentor bien que je ne recherche pas activement de tels rôles. Cela s’appliquait également à mes parents ce qui est une position étrange à assumer si jeune (en y pensant, mon père s’en ressentait aussi).
A l’université et plus tard, je devins plus conscient et tracassé par mon manque de véritable connexion avec les autres. Je sentais que mes « semblables » étaient là dehors quelque part, si seulement je pouvais les trouver. Je ne parvenais pas à garder des amis à long terme. Pourtant je tombais amoureux d’une idéaliste (INFJ) et après notre mariage, un bonne partie de mes priorités devinrent liés à ma vie de couple (par ex. carrière, maison, enfants, etc.) Mais en atteignant ma vitesse de croisière à ce stade, je commençais à m’attarder de nouveau sur mes relations biaisées avec les autres et finalement sur mes frustrations et mes désenchantements. Plus je rencontrais de gens avec qui je ne m’entendais pas, plus je devenais confus. J’étais très doué pour me mouler sur eux mais ils étaient nuls à me rendre la pareille, si parfois ils s’y essayaient. Du côté positif, je psycho-analysais tous ceux que je pouvais. Et je ne veux pas dire en moi-même. J’étais très direct, plongeant dans leurs problèmes et posant des questions indiscrètes. Les gens disaient souvent que me parler était comme une thérapie. J’appréciais la compréhension que j’y gagnais mais j’aimais aussi les aider à voir les choses sous un nouvel angle lorsque je le pouvais.
Pendant tout ce temps, je m’auto-analysais sans relâche. Je pensais que je me comprenais assez bien mais dans ma trentaine, je réalisais que quelque chose n’allais pas. Au final l’équation ne tombait pas juste. Je ratais quelque chose. Mais quoi ? Je commençais à penser que j’avais peut-être une tare ou un trauma et personne ne paraissait me ressembler suffisamment pour m’aider à comprendre ce qui se passait. C’est alors que je compris qu’il me fallait porter mes efforts afin de changer radicalement mon point de vue. J’avais besoin de forcer mon cerveau logique à quitter son mode de fonctionnement INTP préconçu et plein de failles. Je tâchais de devenir objectif à mon propre sujet, de voir plus largement. Il me fallait briser les schémas de pensée qui m’enveloppaient et m’aveuglaient.
Après quelques découvertes, le point aveugle Numéro Un des INTP que je découvris était le rôle des émotions dans ma vie et la façon distordue dont je les appréhendais. C’est pourquoi mes articles sont très différents des explications habituelles du types les-INTP-sont-des-Vulcains-sans-émotions. Et aussi la raison pour laquelle les INTP grandeur nature disent que mes explications ont capté la vérité alors que d’autres articles n’y sont pas parvenu. Je vis comment ma façon de m’agripper à mes émotions, à mon anxiété et de les déconstruire afin de trouver (l’illusoire) vérité universelle me faisait commettre de graves erreurs. Mais vous voyez le problème n’est-ce pas ? Lorsque notre nature d’INTP elle-même creuse notre tombe, nos outils INTP ne font que creuser plus profond. Ils ne sont pas conçus pour nous sortir de là. Sous l’influence de ces points aveugles, vous pouvez passer des années à errer dans une forêt de confusions usantes. Si vous lisez ce site, vous avez y probablement erré vous-même un bon moment. Vous savez à quel point c’est insidieux et démoralisant.
Donc ces observations ont été le fruit d’une vie entière pour moi. Les écrire m’aide à les cristalliser et à les cataloguer. En publiant ces articles, j’ai pu confirmer que d’autres INTP ressentent les mêmes choses. Maintenant je les offre afin d’aider à éradiquer les points aveugles des INTP. Si mes erreurs peuvent alléger quelques unes de vos batailles en tant qu’INTP alors peut-être que mes heures sombres pourront mener à quelque chose de bien.
Notes de traduction:
* I have a graduate degree in law and an undergraduate BA with a Latin major and an English minor.
J’ai fait correspondre les diplômes français et américains comme j’ai pu, sachant qu’il n’y a pas de réelle équivalence.