Il entre sans attendre après avoir sonné. Ce sont les instructions du panonceau, à l’entrée. C’est une salle d’attente, vide, silencieuse. Quelques chaises et fauteuils dépareillés. Rien à lire. La seule distraction est un aquarium modeste dans lequel, au milieu des quelques plantes aquatiques, batifole un magnifique betta splendens d’un bleu profond.
Il attend peu. La porte s’ouvre et elle est là, son sourire, ses yeux lumineux et ses bras chauds. Elle l’embrasse dans une étreinte sereine, accueillante. Elle se recule, se dirige vers la pièce voisine. Il la suit. Il sait quoi faire. Sans s’embarrasser du paravent, il se dévêt rapidement et s’allonge sur la table matelassée. Quelques instants et ses mains chaudes, couvertes d’huile se posent, sur sa nuque et le bas de son dos. Déjà il sent toutes les tensions qui le quittent. Elle effleure toute la surface de son dos, étalant l’huile et commence à masser légèrement. Elle prend son temps, s’attardant par endroit. Chaque fois il sent se relâcher un nœud dont il ignorait la présence. Elle passe rapidement sur ses bras, s’attarde sur ses mains, revient à son dos pour mieux s’occuper des fesses, des jambes, des pieds. Trop vite elle s’interrompt et d’une brève pression lui fait comprendre qu’il est temps de se retourner. Il s’exécute lentement. Il se sent bien, tout son corps détendu, même son esprit toujours en mouvement semble somnolent. Elle reprend rapidement chaque bras, s’attarde sur les épaules, insiste sur la nuque. Il sent l’articulation reprendre sa place. Elle pose ses mains sur sa tête. Il sent la pression varier agréablement et là encore un nœud disparaît. Ses mains se font légères sur son torse, précises et douces sur son ventre. Elle effleure les jambes, retourne aux pieds et remonte en lissant les muscles d’une étreinte forte où elle met tout son poids. Elle travaille les cuisses, les abdos. Il sourit, elle retarde l’instant qu’il anticipe avec un frisson de plaisir. Enfin sa main douce se pose sur le dernier nœud de son corps. Ici son travail est différent, il va falloir accentuer la tension avant de pouvoir obtenir un relâchement total. Elle commence à flatter la peau douce à doigts légers, sent la chaleur monter sous la caresse. Il frémit et c’est pour elle le signal. Elle se penche vers lui et dépose un baiser léger sur la hampe encore souple. Un coup de langue timide suit puis un autre. Il sent le nœud prendre de l’ampleur et savoure chacun de ses gestes. Les doigts sont descendus vers les bourses et se contentent de les tenir, une présence douce et ferme qui l’apaise. Il sent ses lèvres humides aspirer son gland turgescent et un soupir involontaire lui échappe. Sa langue explore la longueur devenue raide et revient lécher voluptueusement le gland, s’attardant sur les replis, lui arrachant des frissons. Il est parcouru de vagues de plaisir auxquelles il s’abandonne. Sa main est descendue, la paume massant délicatement les couilles pendant qu’un doigt presse doucement la peau en dessous en une caresse exquise. Il s’arc-boute et comprenant son besoin, elle le prend dans sa bouche aussi loin qu’elle peut, tendant ses lèvres vers la base du membre, complétant de ses doigts l’étreinte torride. Elle commence alors à le branler vigoureusement de ses doigts. Il sent monter une vague de jouissance lorsqu’elle lui suce passionnément le gland, le fond de sa gorge lui donnant une sensation fabuleuse.
L’orgasme dévastateur vient, et il jouit dans sa bouche, encore et encore, sentant chaque fois qu’elle recueille amoureusement sa semence de sa langue, l’avalant comme une communiante sa première gorgée de vin de messe, comme un don offert à sa ferveur. Elle cesse tout mouvement mais ne le relâche pas et il aime encore ce calme après leur déchaînement, lorsqu’il est encore en elle, confiant en sa douceur et son amour. Lentement elle laisse reposer la verge maintenant détendue. Sans rompre le contact de ses mains, elle effleure à nouveau tout son corps, terminant par le visage qu’elle palpe très légèrement. Enfin elle l’embrasse tendrement, caressant ses lèvres douces de sa langue audacieuse qui tout à l’heure encore léchait consciencieusement sa virilité. Il l’embrasse à pleine bouche, heureux de sentir son goût en elle. Enfin ils ouvrent les yeux et se regardent longuement. Pour la première fois de la journée, ils s’adressent la parole :
– Je t’aime.